En avril 40, le chef de Bataillon Brosset est désigné pour la mission militaire française nouvellement créée en Colombie, à Bogota. C’est de là, avec un écœurement et un accablement de tous les instants, que Diego Brosset suit la débâcle française.
- Le 23 juin, les conditions de l’armistice parviennent à la mission militaire.
- Le 26, Brosset entend le général de Gaulle condamner au micro de la BBC l’armistice et les perspectives tracées par le maréchal Pétain, et appeler au relèvement de la France « dans la liberté et dans la victoire ». Le lendemain, il écrit à l’homme du 18 juin.
Le 17 juillet, de Gaulle lui répond par télégramme : « Serais heureux vous avoir d’urgence à mon état-major ».
Retranscription de la copie, en date du 9 octobre 1940, de la lettre adressée par le commandant BROSSET le 27 juin 1940 à l’ex-général de Gaulle
Bogota le 27 juin
Mon général
L’impossibilité d'obtenir un commandement de troupe puisque récemment breveté, la vanité de tout effort pour agir de façon efficace dans l'état-major de corps d'armée auquel je comptais m'ont décidé il y a deux mois à accepter de faire partie de la mission militaire française partant pour la Colombie.
Aujourd'hui prisonnier d'un contrat et du manque de moyens financiers , je ne peux donner suite à mon désir de m’aller placer sous vos ordres.
Je veux au moins faire le geste de me compromettre en me mettant au moins moralement à votre disposition, non sans espoir de recevoir, dans un délai plus ou moins long et peut-être avec votre aide et m’y mettre d’une façon plus effective.
Votre réponse au maréchal Pétain a interprété d'une façon rigoureusement exacte, le sentiment de nombreux Français résidant à l'étranger. Elle a particulièrement exprimé le mien. Vous y avez montré les réflexes qui m'ont rappelé ceux du général Mangin, mon beau-père aux jours - glorieux grâce à lui - de Verdun, des réflexes qui ont été à une autre époque, ceux de mes anciens camarades au Maroc. Rien d'étrange qu'ils soient semblables à ceux que ma situation actuelle, paradoxale et désolante, m'empêche de proclamer.
Si vous avez besoin d'un officier breveté parlant l'anglais et beaucoup mieux l'arabe, si l'ambassade d'Angleterre peut faciliter mon retour et celui de ma femme et de mes quatre enfants jusqu'à Londres ou en Afrique du Nord ou en Orient, je ne doute pas qu'une fois créées les possibilités matérielles de ce voyage, un entretien avec le président Santos me donne les possibilités morales de m'embarquer me procurant la joie et l'honneur de servir sous vos ordres.
Je voudrais mon Général pouvoir espérer retrouver auprès de vous quelques-uns de mes beaux-frères, qui d'ici ou de là sont certainement en esprit à vos côtés.
Croyez, je vous prie, à l'assurance de mes sentiments respectueusement dévoués.