Ordre du |our du 20 novembre 1944
À l'aube de ce 20 novembre 1944 où il devait trouver la mort , le Général Brosset envoyait à ses troupes le message suivant :
"Aux officiers, sous-officiers, légionnaires, matelots, sapeurs et aux soldats de la Première Division Française Libre. La droite de la Première Armée Française vient d'atteindre le Rhin au sud de Mulhouse. Comme en Italie comme à Toulon, les Boches n'ont pu se rétablir sur leurs lignes de défense aux noms pompeux.
Dans les jours qui suivront, on compte sur vous, les plus vieilles et les plus jeunes troupes de la nouvelle armée française pour enlever Giromany et atteindre le Rhin au Nord de Mulhouse"
ADIEU BROSSET
"Le général Brosset est mort. Les eaux tumultueuses d'un torrent des Vosges ont roulé ce corps athlétique qui tant de fois avait défié joyeusement les risques de la guerre et du sport.
Comme en d'autre temps les héros mouraient à cheval, il est mort au volant de sa jeep qu'il menait si durement au combat au mépris des mines, des obus et des balles pour conduire au plus près la bataille de sa Division.
La conduire sur ce rythme héroïque lui appartenait, où se combinaient dans une plénitude magnifique les puissances de l'action, les forces de la pensée, les impulsions du cœur - trois termes inséparables chez Brosset.
Sa Division, il l'aimait comme une amante et aussi comme une fille. Il l'avait faite avec un soin minutieux, attentif aux moindres détails, la voulant irréprochable. Et il la menait au feu avec hardiesse et prudence, s'exposant sans ménagements pour économiser le sang de ses hommes, pour tirer de leur valeur tout le parti possible au prix des moindres pertes.
Sa Division, la 1ère Division française libre, c'est une très belle unité, c'est aussi une société d'amis unis entre eux par la décision délibérément prise aux plus mauvais jours, de ne pas accepter la victoire allemande, de continuer la lutte.
Et de cette amitié bâtie sur une estime réciproque, des aventures communes et aussi sur la mémoire de tant de compagnons morts à la tâche Brosset était le guide incontesté. Chef impérieux et humain, il était l'ami de tous à la Division, et tous étaient ses amis.
En juin dernier en Italie, Brosset à Acquapendente, saluant la dépouille d'un ami, de l'un des plus purs parmi les Français libres, le colonel Laurent-Champrosay, vous prononciez ces simples mots :"Mon colonel, nous étions attelés à la même tâche. Vous êtes tombé aujourd'hui, nous continuons. Peut-être demain, ce sera notre tour de vous rejoindre."
Aujourd'hui Brosset vous les rejoignez, ces vieux camarades qui sont la gloire de la France libre, les plus purs parmi les enfants de la patrie, les Amilakvari, les Laurent-Champrosay, Amyot d'Inville, tant d'autres qui ont uni à la valeur militaire un courage intransigeant, une absolue rectitude intellectuelle et morale.
"La France sera ce que vous vouliez qu'elle soit."
Allocution prononcée par le général de Larminat lors des obsèques du général Diego Brosset