Directeur de l’école de Champagney, Alain Jacquot-Boileau emmène une année sur deux tous les élèves de cours moyen sur les lieux de mémoire de la 1ère D.F.L en Haute Saône, et notamment sur les traces du général Brosset qui perdit la vie sur le territoire de sa commune. Sur le blog qu’il anime depuis quelques années, Alain Jacquot Boileau évoque avec passion le patrimoine de sa région, la richesse de sa nature, l’histoire de ses lieux, de ses habitants et de ses personnalités. Il a également consacré de nombreux articles au général Brosset et est l’auteur de l’ouvrage « Champagney, un demi-siècle d’histoire » en trois volumes, paru aux éditions de Haute Saône. Alain Jacquot-Boileau répond aux questions de l’Amicale de la D.F.L.
Pouvez-vous nous raconter votre « rencontre » avec le général Diego Brosset, pourquoi vous être à ce point attaché à sa mémoire ?
Je suis très attaché à la mémoire du général Brosset parce que c’est un personnage de notre histoire locale, un militaire atypique au parcours étonnant et surtout parce qu’il a été – est encore – oublié des livres et des manuels d’histoire. J’ai ainsi la volonté, d’une certaine manière, de réparer une injustice.
Sur cette photo de votre sortie mémoire du 5 octobre 2012 au cimetière militaire de Rougemont où repose le général Brosset ; on reconnait Henri PESENTI, ancien du BM 21 de la 1ère DFL et deux élèves de votre classe de CM2. Que vous inspirent ces échanges entre générations, quel est le ressenti des anciens en voyant votre travail de mémoire avec les enfants ?
Que les jeunes enfants rencontrent et échangent avec des personnes âgées ne peut qu’être bénéfique pour tous, de surcroît lorsque ces personnes ont eu une vie bouleversée par l’histoire. Les écoliers aiment ces visiteurs. C’est ainsi que nous avons reçu en classe des anciens mineurs (houillères de Ronchamp), une personne d’origine polonaise, un ancien déporté, des anciens combattants.Ce témoignage direct est irremplaçable et permet aux enfants de « toucher » l’histoire au plus près. Ces témoins pourraient être de leur famille. Les Anciens apprécient qu’on les sollicite et sont très
touchés, voire émus, tout particulièrement les Anciens de la 1ère DFL lorsqu’on se retrouve tous à la Nécropole nationale de Rougemont.
A propos d’une de ces rencontres, Alexis a écrit : « Il y a plus 2000 tombes où reposent les victimes des combats de la guerre de 1944. Il y a également des tombes musulmanes.
Ce cimetière m’a semblé immense et j’ai ressenti beaucoup d’émotion et de respect pour tous ces hommes morts pour la France. »
Cet enfant de dix ans a trouvé les mots justes : « émotion » et « respect ». Mission accomplie …
Quelles sont les valeurs essentielles que vous souhaitez transmettre aux jeunes champagnerots à travers votre action ; comment la personnalité et le parcours du général Diego Brosset peuvent-ils être signifiants pour la jeunesse d’aujourd’hui ?
Au-delà de l’étude de notre histoire, parler de l’engagement de personnages tels que Brosset et de celui de tous les anonymes qui ont fait de même permet d’évoquer des valeurs telles que le courage, le partage, la solidarité et de don de soi. Nos enfants n’ont – heureusement – pas à attendre un éventuel conflit pour faire preuve de courage. Régulièrement, les aléas de la vie nous imposent à tous - petits et grands - de faire des choix, de s’engager (ou pas), d’aider ou de partager...
Autre valeur - souvent dénaturée - le respect. Cultiver la mémoire est le seul moyen de montrer le respect que nous devons à nos Anciens.
Pour ce qui est de nos élèves de l’école élémentaire, je veux croire que tout ceci a du sens et qu’il restera en eux assez de savoir pour la suite de leur existence …