20 NOVEMBRE 2024
Les cérémonies commémoratives du 80ème anniversaire de la mort du Général Brosset mettent un point final à une année particulièrement riche en évènements pour nous. Année du cinquantenaire de notre Promotion, célébré le 16 novembre à Coëtquidan et année du 80ème anniversaire de la mort de notre Parrain, commémoré le 20 novembre, l’année 2024 aura été l’année du renouveau de notre site Internet. Trois raisons qui justifient pleinement l’appellation : « 2024 : Année Brosset ».Autun Saône et Loire 9 septembre 2024 (crédit photo FFL)
Avant le retour, en images, sur cette journée de commémoration, je tiens, tout d’abord, à remercier les « trois mousquetaires », Jean Dodane, Daniel Étienne et Michel Jussier qui ont accepté de se joindre à moi pour cette journée dense et riche en émotions. La présence de représentants de notre Promotion aux différentes cérémonies et à la déambulation mémorielle sur les hauts-lieux des combats de la 1ère DFL a été particulièrement appréciée par les différentes délégations et personnalités que nous avons côtoyées au fil de la journée.
En second lieu, je voudrais remercier la déléguée mémoire de la 1ère DFL auprès de la Fondation de la France Libre (FFL), Marie-Hélène Châtel, qui nous a accueillis et intégrés dans le dispositif de cette journée de commémoration. C’est donc, aux côtés des représentants de la 1ère DFL et en communion avec eux, que nous avons honoré la mémoire des combattants tombés pour la libération de la France et commémoré l’anniversaire de la mort de son chef charismatique.
Dans le cadre de ses attributions, Marie-Hélène Châtel, a organisé, du 16 au 21 mai 2024, le pèlerinage pour le 80ème anniversaire de la campagne d’Italie, du 13 au 28 août, les cérémonies commémoratives du 80ème anniversaire du débarquement en Provence et enfin du 19 au 24 novembre le pèlerinage « Sur le chemin de nos anciens (Automne 1944, de Nod-sur-Seine à Strasbourg) ».
Elle est également à l’origine, en 2023, de l’opération « Route de la 1ère DFL » qui serpente de Cavalaire à Strasbourg en passant par le massif de l’Authion, Lyon, Autun, Nod-sur-Seine, la Haute-Saône et le territoire de Belfort. Opération dont nous avons pu, tout au long de cette journée, constater la progression de la pose des panneaux mémoriels.
Enfin, je tiens à rendre un hommage appuyé à tous ceux qui, connus ou anonymes, élus locaux, autorités publiques et militaires ou simples témoins, ont pris part à cette journée mémorielle. Ils contribuent à la transmission de la mémoire de la 1ère DFL, de celle du général Diego Brosset et des 4000 morts tombés pendant l’épopée de cette Division depuis l’Afrique centrale jusqu’à Tende, en passant par l’Érythrée, la Syrie, la Libye, Bir-Hakeim, la Tunisie, l’Italie, la Provence, les Vosges et l’Alsace.
Parmi toutes ces personnes, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée toute particulière pour André Bon, l’un des rares anciens de la 1ère DFL encore présents - il n’en demeure que soixante-dix -, qui, dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année, est venu de Lyon pour assister à l’ensemble des cérémonies et déambulations mémorielles.
En accrochant au revers de son veston le pin’s de notre promotion, j’ai pu lire dans son regard toute son émotion et sa fierté d’arborer cet insigne qui porte le nom du général sous les ordres duquel il a servi alors, qu’à peine âgé de 18 ans, il venait de s’engager au sein de la 1ère DFL.

RONCHAMP (19 novembre)
La veille du début de cette commémoration, j’ai remis, au nom de la Promotion, le foulard de la 1ère DFL qu’un de nos camarades de promotion avait déniché chez un antiquaire de Metz. Le bureau de l’association a proposé qu’il soit offert à la Fondation de la France Libre qui, depuis 2018, assure le relais mémoriel de l’Amicale des anciens de la 1ère Division française.
Confié aux bons soins de la déléguée mémoire de la 1ère DFL, lors du dîner du 19 novembre, ce tableau sera, prochainement présenté et remis au président du conseil d’administration de la FFL, le Général Robert Bresse.

RONCHAMP (20 novembre)
(Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
(Crédit Photo : 1ère DFL/FFL Cérémonie au monument aux morts)
NÉCROPOLE NATIONALE DE ROUGEMONT
(Crédit Photo : Michel Jussier. Promotion Brosset)
(Crédit Photo : Michel Jussier. Promotion Brosset)
(Crédit Photo : Michel Jussier. Promotion Brosset)
(Crédit Photo : Michel Jussier. Promotion Brosset)
(Crédit Photo : Michel Jussier. Promotion Brosset)
(Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
(Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
Gerbes Promotion Brosset et 1ère DFL / Fondation France Libre (FFL) (Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
Délégation de la Promotion Brosset. (Crédit Photo 1ère DFL/FFL)
Les délégations (Promotion Brosset, 1ère DFL) et représentants de la municipalité de Rougemont (Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
LURE
Église de Lure où a été célébrée la messe de funérailles du Général Brosset, le 23 novembre 1944
(Crédit Photo : Promotion Brosset) (Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
(Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
Mairie de Lure et Plaque à la mémoire du Général Brosset (Crédit Photo : Promotion Brosset)
(Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
ANDORNAY / LYOFFANS / MAGNY-JOBERT / PALANTE
L’après-midi du 20 novembre a été consacré à une déambulation mémorielle, au cours de laquelle nous avons visité les hauts-lieux des combats pour la libération de Champagney et des villages avoisinants. Elle s’est achevée par la cérémonie au Mémorial Brosset sur le pont du Rahin et la réception à la mairie de Champagney.




(Crédits Photo : 1ère DFL/FFL)

PAUSE CAFÉ À LA MAIRIE DE LYOFFANS-FROTTEY-LÈS-LURE



LA ROUTE DE LA 1ÈRE DFL


Clairegoutte (Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
Moffans (Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
CHAMPAGNEY-ÉBOULET
Cérémonie au monument aux morts du 22ème BMNA (Bataillon de marche Nord-Africain)





(Crédit Photo : 1ère DFL/FFL)
CHAMPAGNEY
Cérémonie au monument Général Brosset
Pont sur le Rahin








CHAMPAGNEY
Réception de la municipalité et discours



Crédit photo : François Bresson
Allocution prononcée au nom de la Promotion Brosset
Il y a quatre jours, nous, anciens élèves de l’École militaire interarmes, étions réunis à Coëtquidan pour célébrer le cinquantenaire de notre Promotion, la Promotion « Général Brosset ». Également pour parrainer l’entrée dans la carrière d’officier de nos lointains successeurs qui ont choisi comme nom de Promotion « Ceux du Sahel ».
Pour nous, filleuls de ce méhariste qui a sillonné en tous sens son Sahel bien-aimé, nous ne pouvions rêver d’un parrainage plus judicieux que celui-ci. Le nom de cette nouvelle promotion, « Ceux du Sahel », nous rassemble dans le souvenir de tous les méharistes. Ceux d’hier, de l’époque coloniale, et ceux d’aujourd’hui qui, de 2011 à 2023, dans la bande sahélo-saharienne, ont mis leurs pas dans ceux de notre parrain et dont 59 ne sont jamais revenus.
Nous n’avons pas l’intention, ni la prétention, de retracer ici la carrière militaire de notre parrain. D’autres plus qualifiés que nous, des historiens, des écrivains, des philosophes, des amis et des passeurs de mémoire, l’ont remarquablement fait. Nous souhaitons simplement évoquer sa personnalité attachante, aussi complexe que charismatique, son amour de la vie, sa vision des choses et du monde, en somme tout ce qui a fait de lui l’homme hors du commun, à la fois témoin et acteur de son époque, que nous avons choisi comme Parrain.
Sa fille Isabelle, le décrit comme « un homme libre de toutes les contraintes inhérentes à l’esprit de corps ou de caste, un homme qui a su comprendre et épouser l’esprit d’une autre civilisation que la sienne ».
Pour Jacques Chaban-Delmas, « Brosset n'est pas de ces hommes qui vont au désert pour oublier leur passé, pour s'abîmer dans la contemplation ou pour rechercher des traces de l'Atlantide ». Non ! Le jeune officier qu’il est veut « rencontrer, comprendre, protéger ces populations. Il fait sien le précepte d’André Gide - Assumer le plus possible d'humanité -, précepte qui convient parfaitement à ce qu'il ressent, à ce qu'il souhaite et à ce qu'il veut faire.
Dans la lettre qu’il nous a adressée lors de la remise de nos insignes de Promotion, son ami le plus cher, Jean Bruller, alias Vercors, décrypte Diego Brosset. Pour lui « le métier des armes doit être avant tout un tremplin pour de vastes échanges avec les hommes, avec le monde ... un moyen de connaissance, de développement de l’âme, de l’énergie et de l’esprit d’entreprise ».
Notre Parrain n’était pas seulement un chef militaire exceptionnel. C’est l’homme qu’il était et toute sa vie qui furent exemplaires. Et c’est pour cela que nous réaffirmons aujourd’hui notre fierté d’avoir baptisé notre Promotion de son nom.
À la fin de notre album de promotion consacré à la vie de notre parrain, nous avions mis en exergue cette citation de lui qui le résume parfaitement :
« Nous saurons aimer d’une même ardeur les joies de l’esprit et celles du corps, l’action et la méditation, mener la vie comme dans le rêve, ne pas plus sacrifier les femmes aux philosophes que les mathématiques à la bonne chère, comprendre Einstein, mais aussi un chef berbère, Stendhal, Freud et un Toucouleur, pénétrer Mozart ou Bach, conduire sa troupe au combat, mener du même cœur son cheval, un flirt, sa voiture, son savoir et son esprit critique, s’apprendre à courir, à nager, à comprendre l’Angleterre, l’U.R.S.S., la Chine, la chasse à la baleine, la théorie des quanta ; en bref, saisir la vie, posséder Dieu, ne pas craindre, certes de mourir mais moins encore, mais moins surtout, de vivre ! »
À l’image de cette citation, Diego Brosset aura été pour nous, ses filleuls, le poète, l’écrivain, le rebelle, l’homme aux semelles de sable et de vent qui a parcouru des déserts infinis, le soldat de la Grande Guerre, le compagnon de la Libération, l’homme au portrait dessiné façon pochade par son ami Vercors, cet homme dans la force de l’âge, en tenue de Goumier ou bien monté sur son méhara, ce général, jeune, beau, triomphant, conquérant, lumineux et porteur des espoirs de la France. Il aura été aussi cet anticonformiste, terriblement modeste, qui disait de lui, « Je ne serai jamais un vrai général. Mais ma division est une vraie division ! » ; ce général qui après les combats, un verre de whisky à la main, les ordres du lendemain rédigés d’un trait, récitait les plus beaux vers de la langue française ou déclamait du Shakespeare avant d’aller soigner ses chrysanthèmes dans sa roulotte ; ce potache qui, accompagné de Jean-Pierre Aumont, son aide de camp, chantait à tue-tête, au volant de sa jeep, un air tzigane que Germaine Sablon leur avait appris et dont le refrain était :
« Tu ne verras jamais une personne au monde
Qui sache vivre comme moi,
Et plus jamais personne au monde,
Ne saura rire comme moi. »
Cet homme, notre exemple et notre guide depuis 50 ans, nous l’imaginons aujourd’hui, dans son éternité. Par l’une de ces somptueuses fins de journée comme seul le désert peut en offrir. Assis, face au soleil couchant. Il est entouré de tous ceux qui l’ont précédé ou rejoint au Paradis des anciens : Antoine de Saint-Exupéry, Bernard Saint Hillier, Vercors, Jean-Pierre Aumont, et bien d’autres encore, moins connus mais tout aussi méritants. À ses côtés, 40 de ses filleuls qui, comme lui, ont quitté - bien trop tôt, bien trop vite - notre planète bleue. Sans aucun doute, c’est avec compassion et bienveillance qu’il les aura accueillis auprès de lui.
Nous aimerions qu’en nous voyant honorer sa mémoire et perpétuer son exemple, notre parrain se dise : « Je n’ai peut-être pas été un vrai général, mais la Promotion qui m’a fait l’honneur de me choisir comme Parrain est une vraie Promotion ! »
Et pour nous, pour quelque temps encore les survivants, qui savons, comme le renard du Petit Prince, que « l’on ne voit bien qu’avec le cœur », il est réconfortant de penser, avec Tacite, que « le vrai tombeau des morts est dans nos cœurs de vivants ».
Merci mon général ! Merci Parrain !
Lieutenant-colonel Renaud FRANCOIS
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