Le général Brosset 

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Né en 1888, Charles Diego BROSSET était entré dans le vie militaire par la grande porte de la Guerre de 1914 – 1918 qu’on appelait alors la « Grande Guerre » et que les historiens appellent maintenant la Première Guerre mondiale. Il avait déjà beaucoup voyagé : les nécessités de la vie de famille lui avaient fait connaître l’Amérique du Sud.            

De son père et d’une mère qu’il adorait, il avait hérité dans un corps exceptionnellement robuste, une finesse et une sensibilité exquises, un goût passionné pour ce qui est beau. Ayant reçu en don, dès sa jeunesse, écrira le Général KOENIG, avec l’amour de son pays, le goût du risque, il s’était naturellement engagé à l’âge de 17 ans dans un Bataillon de Chasseurs.            

Ceux qui le connaissaient savent qu’il mit alors une pointe d’orgueil à faire son métier de fantassin dans les plus humbles rangs de la troupe, sans jamais briguer l’honneur de passer par une École.


  

Au 68e BCA Pendant la Grande Guerre

       

Au 28° BCA.

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A SAINT-MAIXENT en 1921 : au cours d'une rencontre sportive

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en salle d'études         


Pendant trois années, il fit sa part du combattant et l’armistice de 1918 le trouvait Adjudant, quatre fois cité à l’Ordre. Exceptionnellement admis à rengager, il va mener dans l’armée une existence aux activités multiples : ce sera toujours un sportif soucieux de son entraînement mais il ne négligera pas pour autant la vie de l’esprit.

Attiré par ce métier pour lequel il se sentait si fort et si bien doué, il entre après la guerre à l'École de Saint-Maixent.  Ses études militaires le mèneront à l'École de guerre . C’est aussi un passionné de langues vivantes et il apprend l’arabe parlé puis l’arabe littéraire, ainsi qu’une multitudes de dialectes et plus tard, l’espagnol ; il obtient un diplôme de langues orientales. Ayant conquis l’Épaulette, Charles Diego BROSSET découvre et embrasse sa véritable carrière : celle du saharien colonial.


LE MÉHARISTE

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Croquis exécuté par VERCORS

Jean Bruller, dit Vercors , né le 26 février 1902 à Paris 15°et mort le 10 juin 1991 à Paris 1er, est un illustratuer et écrivain Français. Il adopte le pseudonyme littéraire Vercors en 1941 pendant la Résistance. Par la suite, il garde son patronyme pour son travail d'artiste et son pseudonyme comme nom d'écrivain.

Son œuvre la plus célèbre est le silence de la mer publiée clandestinement en 1942.

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Dans la région de NEMA (NORD SOUDAN) en 1922                    


Il commença dans l’Infanterie coloniale, aux confins algéro-tunisiens, puis en Mauritanie, en Afrique occidentale française et en Tunisie. Partout on remarque sa psychologie : il ne se contente pas de s’imposer, il parle avec les indigènes pour les comprendre et les convaincre.

Et ce diable d’homme aura beau revenir dans les Écoles, préparer avec succès l’Ecole de Guerre, vivre à Paris, accomplir ses stages d’État-major, il restera toute sa vie hanté par les terres chaudes et dénudées d’où son imagination fera sortir les plus belles oasis du monde.

Pendant des années il se donnera au métier passionnant qui plaît à sa nature fougueuse. Tenu de rentrer en France par le jeu des relèves coloniales, il cherche à exercer son influence dans d’autres milieux.

Il trouve le loisir d’écrire et d’écrire comme il pense, vit et agit. Il publie des nouvelles, des études,  un ouvrage sur le Sahara,  "Un homme sans l'Occident" : qu'un officier, dans l'entre-deux guerres, écrive un roman, ce n'est pas à l'époque chose ordinaire . moins encore, si acteur engagé dans l'oeuvre coloniale, il se met à la place de l'autre, qui lutte contre lui, les armes à la main. Diego Brosset, méhariste au Sahara Occidental de 1922 à 1931, conte avec une fidélité que tous les spécialistes ont reconnue et dans un style étonnamment moderne, les errances, les luttes et les drames vécus par Sid Ahmed le Mechdoufi, Maure farouche qui voit, sous la poussée terrible des Français, basculer le monde.

Nous voici loin de l'hagiographie coloniale. Nous sommes de l'autre côté, parmi les plus grands nomades du désert, chasseurs nemadi ou guerriers reguibat, durs comme les plus sombres pierres vernissées de soleil, mais joyeux aussi, et peuplant le vide de leur exubérance. Sid Ahmed le bossu a existé. L'auteur l'a connu. De leur amitié est né ce roman, le plus grand qu'on ait écrit sur les nomades chameliers.

La première édition de son livre est parue au Maroc en 1935. Cette troisième édition, préfacée - comme la seconde - par Vercors qui fut son ami, témoigne de l'art de l'écrivain : l'ouvrage n'a pas pris une ride.. Après avoir appartenu au Service d’Études du Ministère de la Guerre, il passe aux Affaires indigènes. Mais c’est encore au Sahara qu’il reviendra plus tard, cette fois par la porte du Sud Marocain.

Comme il l’aura fait partout où il sera passé, il étonnera ses chefs par son activité débordante, jointe au goût du pittoresque.


Le Lieutenant BROSSET au Groupe nomade de CHINGUETTI, qu'il commandait en 1930.   

           

Commandant du secteur d'Akka (sud Marocain) 1933 -1937 

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Au cours d'une méharée

 

      AVEC LA 1ère D.F.L 

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 Fanion de commandement du Général BROSSET                


La deuxième Guerre mondiale éclate en 1939. BROSSET est à l’État-major du Corps d’Armée colonial. Il fait correctement son métier. Mais cet homme de feu est déçu par ce que tant de Français appellent tout gentiment "la drôle de guerre". A la suite d’accrochages avec certains de ses chefs, il est envoyé en mission en Colombie, dans cette Amérique du Sud où il retrouve les souvenirs de sa jeunesse. C’est là que la défaite de Juin 1940 le surprendra.

Il rejoint Londres dès l’Armistice.              

Il sert d’abord auprès du Général De Gaulle , l’accompagnera dans son inspection de la Brigade française libre d’Orient, en Érythrée, au printemps 1941. Il quitte ensuite le Général De Gaulle pour prendre le commandement des territoires de l’Euphrate où la partie est toujours difficile à jouer. Il retrouve cette atmosphère des sables qu’il a tant recherchée. Envoyé en Syrie il est le Chef d’Etat-major du Général Catroux . A la fin de l’année 1942, après de nombreuses démarches il reçoit le commandement d’une Brigade d’Infanterie motorisée.

 

Il mène alors la vie des hommes du désert au milieu de la 8ème Armée britannique. Avec sa Brigade, puis à la tête de la Première Division française libre, où il succédera au Général Koenig , il sera de toutes les affaires qui porteront ses unités de Libye au Rhin en passant par la Tunisie, l’Italie où, à Rome il reçoit la "Legion of Merit" , au grade d'Officier, du commandement américain, et enfin Toulon et les Vosges … 


LIBYE 1943. Commandant de la 2ème  Brigade Française.              


Retracer sa vie depuis le printemps de l’année 1943 jusqu’au 20 novembre 1944 revient véritablement à retracer fidèlement les actions de troupes françaises, dont certaines - les siennes , sont au premier rang sans aucune contestation possible - furent de tous les combats.

 

Décoré par le Général de GAULLE

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Le Général BROSSET au cours d'un entretien avec le Général de GAULLE (Italie)  


En 1944 sa Division entamait sa cinquième année de campagnes sous tous les climats après avoir connu et surmonté nombre de travers. Le Général BROSSET mûri par les difficultés, était le chef idéal pour une telle troupe qu’il aimait et qui le lui rendait. 


 

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Le Point de la situation (Italie)

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L'entrée dans LYON               


En Tunisie, en mai 1943, la 1ère DFL remporte la victoire de TAKROUNA, fait 28 000 prisonniers parmi lesquels la 90ème Division allemande et la Division italienne « Trieste » qui l’encerclaient à Bir Hakeim.

La bataille de Bir Hakeim se déroule du 27 mai au 11 juin 1942 durant la guerre du désert. Elle tire son nom d'un point d'eau désaffecté au milieu du désert de Libye, au sud de Tobrouk. Pendant seize jours, la 1re brigade, future 1re division française libre, commandée par le général Kœnig résiste aux attaques des armées motorisées italiennes et allemandes, du Deutsches Afrikakorps, plus nombreuses, commandées par le général Erwin Rommel, qui tentent de couper la retraite des Britanniques battus à Gazala. La défense tenace des Français libres, dont les deux tiers des effectifs sont issus des colonies, va permettre aux britanniques d'échapper à l'encerclement et de préparer les positions défensives qui conduiront à une victoire stratégique lors de la première bataille d'El Alamein en juillet 1942.

En Italie, par l’attaque en force de 11 mai 1944 dans le difficile terrain du Garigliano, la 1ère DFL, au prix de lourdes pertes, bouscule l’ennemi, et dans un élan magnifique :  

- traverse la ligne  Gustav qui s'étendait sur plus de 150 km au niveau le plus resserré de la péninsule italienne. Cette ligne débutait à l'ouest à Minturno, sur la mer Tyrrhénienne, longeait le fleuve Garigliano et traversait les montagnes des Apennins jusqu'à l'embouchure de la rivière Sangro dans la mer Adriatique. Le centre de la ligne, où elle croisait la grande route nord-sud (autoroute 6), était situé au niveau du monte Cassino avec sa vieille abbaye au sommet.

- perce la ligne Hitler à Ponte Corvo, dépasse Rome, puis par la prise de Monte Fiascone et de la forteresse de Radicofani ouvre la porte de la Toscane aux alliés.

 En France après quatre ans de combats ininterrompus, la 1ère DFL est de retour sur le sol de la Patrie. Débarquée le 16 août 1944 à Cavalaire, elle libère Toulon le 21 ; le 3 septembre le Général BROSSET, qui est lyonnais, sera le libérateur de Lyon, donnant la mesure de ses moyens dans tous les ordres : cumulant les fonctions de Général de sa Division et de Commandant de la place de Lyon, il assume, sans Maire ni Préfet, sans ponts ni téléphone, la remise en marche de l’administration et redonne vie à cette grande ville qui garde,  aujourd’hui encore, pieusement son souvenir.


 Devant son PC à LYON           


Après Lyon c’est Autun le 8 septembre. Le Général Diego BROSSET ira avec sa DFL toujours plus avant vers le Jura, Belfort, l’Alsace, de combat en combat, payant de sa personne pour épargner ses hommes, remettant en place une autorité valable de ville en ville.

Et puis un beau jour … c’était un beau jour, en effet, l’attaque était partie et bien partie. Il revenait joyeux à son poste de commandement après avoir inspecté ses premières lignes quelques kilomètres avant Champagney. Il conduisait sa jeep comme d’habitude. Il faut bien avouer qu’il conduisait comme un fou. En prenant un virage sur un pont qui enjambait le Rahin que le Génie Divisionnaire  était en train de réparer, il dérapa sur le revêtement de bois, franchit le parapet et tomba dans le lit d’un torrent tumultueux, grossi par la pluie, au volant de sa voiture qu’il n’avait pas lâché.

Comme il arrivait, partait, revenait, reparaissait partout dans sa vie, le Général BROSSET entra en trombe dans la mort. Alors disparut, dans le feu de l’action, ce chef d’une ardeur peu commune. La nature lui avait dispensé avec abondance ce que tant d’hommes voudraient posséder à un moindre degré : la vigueur physique, intellectuelle, morale et le caractère, au sens le plus complet du mot. Toutes ces qualités, il les possédait à profusion comme des ressources inépuisables.

Et parce qu’il avait du cœur, un grand noble cœur, il répandait ces richesses avec prodigalité autour de lui, c’est-à-dire aux magnifiques garçons, cadres et troupes, dont il avait fait ses compagnons et dont il n’entendait pas s’éloigner.

Le France perdait avec lui une force rayonnante qui était, ne voulait être et ne fut qu’à son service.

Le Général BROSSET à son PC avec son Chef d'Etat-Major le Colonel St-HILLIER